Breath of Love

Breath of Love

John Sammut 11866359_1677966739103957_3977449470649784996_n_last.jpg

 

Préface Marc Alain Ouaknin

 

L’œuvre de John Sammut est courageuse, belle et généreuse. Courageuse par l’ampleur du texte et des idées, belle par une langue simple et riche à la fois, généreuse par les images qu’elle offre et l’invitation au voyage en soi et vers l’autre homme. Le narrateur poète déploie une longue prière et un grand dialogue où se croisent le « Je » et  le « Tu », où le « tu » est à la fois le nom de l’autre homme et aussi la première porte de son silence. «  La parole nous a été donnée non pour parler mais pour entendre. La parole ne nous a été donnée que pour entendre ce qui est tu. Tu nous a donné la parole pour t’entendre »[1]. Les poèmes de John Sammut chantent l’amour avec discrétion et pudeur mais touchent à l’essentiel, ils dessinent la vie et ses paradoxes, le mouvement immobile, l’allongé debout, les pensées non pensées, l’infini du temps qui ne dure qu’une seconde, les présences absentes et les paroles du silence. Des mots lucides mais optimistes, sincères et humbles où le moi se met en avant pour s’effacer et laisser la place, la vraie, la juste, à l’autre, la femme, l’enfant, l’aimée, l’amie, l’ami et le passant. Rien qui accroche pour retenir et posséder mais juste une main ouverte pour donner : des mots et des silences, des caresses et des étoiles, un chemin. Nous avons là une poésie nouvelle et ancienne à la fois qui nous invite à explorer le mystère des anges, non pas ceux des images pieuses, mais ceux qui se cachent dans les herbes, dans les cailloux, dans les regards, les tristesses, les rires et les amours. Il est toujours inconvenant de comparer un poète à un autre mais parfois un nom donne une lumière, une couleur une certaine qualité de l’ombre projetée par les mots, les rayons de lune et les aubes des nouveaux printemps. Je dirai qu’il y a du Rilke et du Rimbaud dans ces pages. Une jeunesse et une maturité que traduisent à la fois les poèmes et les aphorismes, justes, profonds et non dénués d’humour, ce qui donne à l’ensemble une grave légèreté. Saluons ici un texte qui est déjà une œuvre, emprunte d’une grande spiritualité c’est-à-dire d’une grande humanité.

Marc-Alain Ouaknin


[1]Novarina, Devant la Parole, POL, 1999, p.31.

 Le